L’automobile et le diesel
Pour la première fois depuis 17 ans, les ventes de voitures diesel sont descendues sous la barre des 50 % passant à 47, 8 % en janvier 2017. L’année dernière, elles atteignaient pourtant 51, 6 % des immatriculations de véhicules neufs. Qu’est-ce qui a engendré cette baisse ?
La voiture diesel
Fonctionnant au gazole, ce modèle popularisé par Wolkswagen a longtemps été apprécié des Français. En 2008, il couvrait même 77 % de part de marché pour ensuite refluer d’année en année jusqu’à descendre sous la barre des 50 %. La voiture diesel a pourtant quelques avantages indéniables tels que :
- sa faible consommation de carburant : elle consomme effectivement jusqu’à 20 % moins de carburant qu’une voiture classique
- son prix plus abordable puisque le gazole coûte environ 10 % moins cher que l’essence
- un moteur plus durable que celui fonctionnant à l’essence puisque le moteur diesel chauffe moins et peut atteindre entre 200 000 à 300 000 kilomètres
- un rapport performances / consommation semblable à celui du moteur conventionnel puisque de nos jours, il est possible d’équiper la voiture diesel de diverses nouvelles technologies telles les systèmes à injection ou encore les filtres à particules
- un prix de revente plus intéressant : la voiture diesel bénéficie d’une cible plus précise et d’un marché plus restreint. Il est donc possible de la revendre à un bon prix
- sa faible production d’imbrûlés : certes, la voiture diesel est loin d’être écologique, mais par rapport aux autres véhicules, elle produit jusqu’à 20 % en moins d’imbrûlés
- parfaite pour les longues distances : la voiture diesel est idéale pour rouler sur de longues distances. Selon un petit calcul fait par les professionnels, il suffirait d’atteindre 71 000 km au compteur pour rentabiliser une voiture diesel. Un chiffre qui pourrait faire fuir les particuliers, mais pas les gros rouleurs qui effectuent plus de 20 000 km par an. Pour eux, leur voiture qui consomme du gazole sera amortie en seulement trois ans et demi.
Lire aussi – Les enjeux du transport d’œuvre d’art
En termes d’inconvénients, elle en présente aussi quelques-uns dont son prix d’achat plus élevé, un entretien qui coûte parfois plus cher, son côté trop polluant, … C’est d’ailleurs dans un souci écologique que Nicolas Hulot a instauré sa mesure qui vise à mettre un terme à la commercialisation de ce type de véhicules.
La fin de la voiture diesel ?
Mettre fin à la commercialisation des voitures diesel figure parmi les mesures phares du plan Climat présenté par Nicolas Hulot. Ce dernier estime que cela devrait être mis en œuvre d’ici 2040, ce qui laisse du temps pour s’y préparer petit à petit. Cette mesure est certes lourde, reconnaît-il, mais elle doit toutefois être mise en œuvre dans un souci de santé publique.
Dans un premier temps, ce sont les constructeurs qui en sont les premiers concernés et surtout, les deux groupes français PSA et Renault. Ces derniers devront désormais adapter leurs productions et basculer petit à petit vers les voitures électriques et hybrides.
Lire aussi – La voiture électrique : ce qu’il faut savoir
Pour Valeo, l’équipementier français, c’est une aubaine puisque la grande partie de ses activités concerne la fourniture de technologies associées aux moteurs hybrides et électriques.
Les particuliers se détournent de la voiture diesel
La pollution qu’elles génèrent figure parmi les raisons qui poussent les particuliers à se détourner de la voiture diesel. Ce n’est toutefois pas la seule raison puisqu’il y a également eu le scandale des moteurs truqués, les effets des fines particules qu’elles produisent sur la santé, la mesure de déclin de ces véhicules et l’alignement de la fiscalité entre les carburants. Il n’est pas surprenant si les particuliers préfèrent se tourner vers les véhicules zéro émission.
Lire aussi – Les voitures hybrides
La tendance inverse chez les professionnels
Malgré la mesure et les particuliers qui délaissent l’auto diesel, les sociétés continuent de s’en équiper en masse. En effet, l’achat de voitures diesel effectué par les entreprises couvre, en 2016, 66 % contre 62 % en janvier 2017.
Malgré ces changements, 62, 2 % du parc automobile roulait encore avec ces véhicules en 2016 contre 62, 4 % en 2015.
Doit-on alors mettre fin aux voitures diesel ?
Avant d’établir un verdict, rappelons quand même que par rapport à la voiture essence, la voiture diesel connaît quelques avantages en plus. On en a déjà cité quelques-uns plus haut, mais avant de la condamner, tâchez d’abord d’avoir toutes les cartes en main.
Sachez alors que :
- les voitures diesel sont plus autonomes que leurs homologues à essence :
La prudence veut qu’on se ravitaille toutes les deux heures, mais cette règle s’applique surtout pour les voitures à essence. Celles au gazole sont plus stables et moins consommatrices de carburant. Cela vous permettra alors d’espacer les arrêts pour le ravitaillement, mais attention, ce n’est pas une règle universelle.
Pour cause : les voitures diesel récentes sont pourvues d’un réservoir plus petit que leurs équivalentes à essence. De plus, comme il faudra verser de l’AdBlue dans le réservoir à part le gazole, cela vous fera moins de carburant à embarquer. Pour rappel, l’AdBlue est un additif aujourd’hui nécessaire pour catalyser le Nox.
- les moteurs diesel ne sont plus aussi polluants qu’auparavant :
Vu les nombreuses critiques que le diesel a reçues, les constructeurs ont dû chercher des solutions pour que le moteur au gazole ne s’attire plus les foudres des écologistes et ils ont fini par trouver.
Leur solution : l’association de filtres à particules avec des catalyseurs à Nox qui agissent souvent à différents niveaux. Et bien sûr, il y a l’ajout d’AdBlue dans le gazole pour optimiser les effets des catalyseurs.
Résultat : les voitures diesel ne sont plus aussi polluantes que par le passé.
Et en termes de pollution, elles peuvent même rivaliser avec les moteurs à essence, du moins, ceux qui ne sont pas encore pourvus de filtres spécifiques. Rappelons qu’en basculant vers l’injection directe, les moteurs à essence se sont aussi retrouvés au cœur de la polémique jusqu’à ce que (heureusement pour eux) la norme Euro 6D-temp soit entrée en vigueur en 2018. Dès lors, les filtres anti-polluants ont été rendus obligatoires.
Chez les moteurs diesel, ce filtre était déjà obligatoire depuis 2011 avec l’instauration de la norme Euro 5.
- Les voitures diesel émettent moins de CO2 dans l’atmosphère :
Savez-vous que le CO2 n’est pas vraiment un polluant ? D’ailleurs, nous en produisons tous naturellement en respirant. Toutefois, comme il est le premier responsable du réchauffement climatique, les autorités ont jugé bon de réduire sa production. Puisqu’elles ne peuvent pas nous empêcher de respirer, elles s’attaquent à toute autre source de CO2 dont la voiture diesel.
Sachez pourtant que cette dernière est bien meilleur élève que la voiture essence puisqu’elle consomme moins de carburant et génère ainsi moins de CO2.
Dans les deux camps toutefois, des améliorations restent à faire, car à partir de 2020, les constructeurs qui mettent en vente des véhicules générant plus de 95g/km de CO2 seront lourdement pénalisés. Pour l’heure, voiture à essence et voiture au gazole restent au-dessus de cette norme alors que la voiture hybride rechargeable, elle, peut déjà se vanter d’en être à seulement 31 g/km.
- La voiture diesel bénéficie d’avantages fiscaux non négligeables :
En effet, jusqu’à aujourd’hui, la voiture au gazole bénéficie d’un plan fiscal plus avantageux par rapport à la voiture à essence. De plus, le prix à la pompe du gazole reste moins cher que le prix de l’essence.
Même si la voiture diesel coûte plus cher à l’achat du fait des nombreuses normes auxquelles elle a dû se plier, il est indéniable que sur le moyen et le long terme, les écarts qu’on vient d’évoquer porteront leurs fruits sur le portefeuille de leurs propriétaires.
Alors, toujours convaincu de la suppression de ces véhicules du marché ?
Là encore, avant de se décider, il faut peser le pour et le contre. Maintenant qu’on a vu les arguments qui votent pour sa conservation, voyons les arguments qui peuvent faire pencher la balance vers sa suppression.
Outre les inconvénients cités plus haut, il faut ajouter les points suivants :
- L’usage, aujourd’hui incontournable de l’AdBlue : même si ses objectifs sont forts louables, son utilisation requiert quelques frais supplémentaires notamment l’achat du produit et l’installation d’un autre réservoir.
- Un choix plus limité : vu que les constructeurs craignent tous de voir le secteur du diesel disparaître, ils ne produisent plus que très peu de modèles. Depuis quelques années, on ne trouve plus des citadines fonctionnant au gazole. Les constructeurs ont préféré réserver ce carburant aux gros porteurs étant donné qu’ils sont les seuls à en tirer réellement avantage.
- La revente n’est plus aussi simple qu’auparavant : vu que les offres sont limitées, les propriétaires de voiture diesel qui souhaitent s’en défaire peuvent tirer un bon prix auprès d’amateurs de ce genre de véhicule. Néanmoins, même le nombre de passionnés a chuté ce qui fait que la revente risque d’être beaucoup plus difficile de nos jours surtout sur de vieux modèles ne répondant pas aux nouvelles normes.
Il semblerait donc que le gazole a encore de beaux jours devant lui, mais seulement dans la catégorie des gros porteurs. Son utilisation en ville semble toutefois décliner petit à petit. De toute façon, si vous ne roulez qu’occasionnellement en voiture, vous aurez du mal à amortir l’achat d’un véhicule diesel.