Douche de sécurité avec rince œil : les réglementations à retenir
Une projection de produits chimiques sur le corps ou dans les yeux entraînent des conséquences dramatiques chez les travailleurs. Pour y remédier au plus vite, les entreprises ont l’obligation d’installer des dispositifs de sécurité comme la douche de sécurité et le rince œil de sécurité. Attention, il ne suffit pas de les déposer au hasard, car leur installation doit suivre des normes précises. Voici ce qu’il faut retenir …
Pas de norme française, mais une équivalence américaine
En France, il n’existe pas encore de norme spécifique établie pour les douches de sécurité avec rince oeil. Toutefois, les professionnels opérant sur le territoire français peuvent se référer à la norme américaine ANSI Z358.1-1998 pour retrouver les recommandations techniques à adopter.
Le premier point que cette norme soulève c’est la différence entre douches de sécurité et rince œil. Bien que les deux équipements aient pour rôle de rincer en urgence les parties du corps soumises à une projection de produits chimiques, les douches destinées à nettoyer le corps ne conviennent pas aux yeux puisque ces derniers sont plus fragiles. Néanmoins, ils se rejoignent sur certains points et divergent sur d’autres.
Les réglementations communes aux deux dispositifs
Puisque les 30 premières secondes suite à la projection sont cruciales, la douche de sécurité et le laveur oculaire doivent :
- se trouver entre une distance de 15 à 30 m du point de survenue de l’accident. Cette distance descend à 8 m dans les milieux à hauts risques comme les laboratoires. D’une vue générale, ces mesures ont été prises pour que le travailleur puisse atteindre les dispositifs dans un délai de 10 secondes en marchant.
- pouvoir être activés en moins d’une seconde ce qui implique une commande simple par le biais d’une manette bien visible.
- être rattachés à l’installation sanitaire, dans une zone bien éclairée, mais éloignée d’installations électriques.
- utiliser de l’eau potable ou de l’eau contenant un agent de conservation. La température de l’eau de rinçage doit se situer entre 15 à 25°C puisque cela va favoriser le refroidissement des tissus contaminés.
Aussi, pour s’assurer de leur efficacité, ces équipements de sécurité doivent être entretenus régulièrement. Les employeurs doivent alors planifier un entretien mensuel à titre préventif et un entretien complet de manière annuelle. Un contrôle hebdomadaire doit également être planifié et cela doit obligatoirement inclure une inspection visuelle puis un essai d’activation. Toutes les vérifications effectuées doivent être enregistrées sur un document spécifique.
Par ailleurs, il faudra systématiquement programmer des formations pour les travailleurs. Ces cours doivent inclure un volet théorique et des exercices pratiques pour qu’ils puissent assimiler les gestes d’urgence à effectuer. Et pour qu’ils retiennent bien la leçon, il faut penser à afficher les consignes écrites près des dispositifs de sécurité.
Découvrez aussi :
La réglementation concernant le rince-œil
Comme dit plus haut, la douche de sécurité est un dispositif à part et ne doit pas être utilisée en tant que lave-yeux. Toutefois, pour plus de praticité, les entreprises préfèrent aujourd’hui se tourner vers des modèles 2 en 1 c’est-à-dire des douches avec rince œil inclut. Attention néanmoins de bien distinguer les deux dispositifs.
En règle générale, un laveur oculaire vise à faciliter le rinçage des deux yeux en simultanée. Leur débit minimal est fixé à 15 l/min. Pour que les travailleurs puissent y accéder facilement, ces stations de sécurité doivent être placées à une hauteur comprise entre 80 et 115 cm.
Durant la formation, il est important de bien préciser que le rinçage doit durer, au moins 15 mn et se faire dans les 30 secondes après l’exposition au produit dangereux. Le rinçage continu permet de se débarrasser totalement du produit projeté dans les yeux et de refroidir la blessure.
Il faut garder en tête que les produits chimiques brûlent les yeux. Plus ces produits restent en contact avec l’œil, plus les dégâts seront importants d’où l’intérêt de réagir rapidement. Bien évidemment, certains produits sont plus dangereux que d’autres.
Les alcalins, par exemple, agissent rapidement sur l’œil. Ils commencent par détruire la membrane cellulaire pour atteindre le stroma et enfin la chambre antérieure de l’œil. Le contact avec ces produits chimiques engendrent donc des conséquences sévères.
En ce qui concerne les acides, au lieu d’engendrer une réaction de saponification comme les alcalins, ils vont plutôt former un complexe avec les protéines du stroma cornéen. L’acide mettra alors un peu plus de temps pour pénétrer profondément dans l’œil. Ce n’est pas une raison pour autant de retarder le rinçage puisque le niveau de dangerosité du produit est défini par son pH. Quand celui-ci est supérieur à 2, 5, cela signifie que l’acide est dilué et moins dangereux. Mais quand il se situe en dessous de ce seuil, les dégâts seront importants puisque l’acide sera alors concentré.
La réglementation concernant la douche de sécurité
En ce qui concerne la douche de sécurité, il faut retenir les recommandations suivantes :
- le diamètre du jet doit être supérieur à 50 cm pour qu’il puisse recouvrir tout le corps au lieu de seulement se limiter à la tête
- la pomme de douche doit être placée à une hauteur comprise entre 2 à 2, 50 m
- le débit minimal est de 75 l /mn et c’est pour cela que la douche de sécurité ne peut faire office de rince œil puisque cette pression risque de l’endommager
- le robinet pour l’activer doit se situer à une hauteur inférieure à 75 cm
Il est important de souligner qu’un simple flexible de décontamination ne remplace pas la douche de sécurité et le lave-yeux de sécurité puisque pour cet équipement, le débit minimal instauré est de 12 l/mn donc insuffisant pour se débarrasser des produits chimiques de manière efficace.
Ce que prévoit la réglementation française
Même en l’absence d’une norme dédiée, il faut souligner que le Code du travail et l’INRS n’écartent pas totalement ces équipements. Il est d’ailleurs stipulé dans le code du travail que :
« Les lieux de travail sont équipés d’un matériel de premiers secours adapté à la nature des risques et facilement accessible. » Article R.232-1-6
Et ce n’est pas le seul texte de loi qui se réfère aux douches de sécurité avec rince œil puisque l’Article R.232-1-13 évoque aussi la nécessité d’utiliser des panneaux de signalisation conformes dans le cas où les équipements respectent la norme NF X 08-003. Ces signalétiques sont obligatoires pour bien indiquer aux travailleurs ces stations de premiers secours.
On parle effectivement de « premiers secours », car le rinçage seul ne suffit pas pour écarter les dangers. Il vise seulement à atténuer les effets des produits en attendant que des médecins arrivent sur les lieux.
En ce qui concerne l’INRS, il a également publié un manifeste intitulé « Signalisation de santé et de sécurité au travail – Réglementation ». De nombreux points y sont mentionnés dont les douches de sécurité et les lave-yeux à l’annexe II, point 5.
Et pour aller plus loin, les normes ISO 3864 peuvent être consultées pour utiliser les signalisations de sécurité à bon escient.